Les effets des OGM sur la biodiversité

A) Le risque de dissémination : les données chez les plantes

    Deux phénomènes sont à prendre en compte : la dissémination des gènes, et donc des transgènes, qui, selon les plantes, peut se faire via le pollen ou via les graines et le croisement avec des plantes sauvages. (On désigne par sauvage toute plante non génétiquement modifiée et vivant indépendamment de l’homme)

1) Dissémination des gènes par le pollen et les graines

    Le flux de gènes entre plantes génétiquement modifiées et plantes non modifiées par l’intermédiaire du pollen est le risque environnemental le plus important.
    En effet, le pollen est l’élément mâle de la fleur et contient le noyau de la cellule végétale et l’ensemble de ses gènes, y compris le gène d’intérêt ou transgène. Il y a donc un risque que le pollen atteigne soit la même plante non modifiée, soit une plante sauvage de même nature.
    Le relief du terrain et le climat ainsi que la direction du vent influent significativement sur la dissémination du pollen : celui-ci peut parcourir plusieurs centaines de mètres mais est en grande partie arrêté par une simple haie.

    Il apparaît que le maïs ne se dissémine que très faiblement. Néanmoins, ce n’est pas si simple : une étude a montré que le vent peut emporter du pollen de maïs jusqu’à un ou deux kilomètres d’altitude et le faire retomber à plusieurs kilomètres de distance ! Or, à un kilomètre d’altitude, les conditions de température et d’humidité sont plus favorables à la survie du pollen qu’au sol. Il peut ainsi survivre plusieurs heures contre environ une demi-heure s’il était retombé à proximité du plan de maïs. Et pendant ce temps, il se ballade …
    A cela viennent s’ajouter les insectes pollinisateurs comme les abeilles qui peuvent transporter le pollen. La contribution des abeilles est difficile à quantifier et empêche de modéliser correctement la dissémination du pollen. On a remarqué qu’une abeille effectuait toujours le même trajet. Elle butine un type de fleur sur une surface restreinte, rentre à la ruche et revient au même endroit. Mais une étude en laboratoire a montré que les abeilles peuvent s’échanger du pollen par simple contact. On ne peut donc pas contrôler la dispersion du pollen.

 

    Quant aux graines du maïs, elles restent attachées à l’épi et celles qui tomberaient ne résisteraient pas aux conditions hivernales. Le cas du colza est plus complexe. La graine du colza est de petite taille et donc relativement mobile. Elle est par ailleurs très résistante et peut germer après avoir passé quelques dizaines d’années en terre après que cette culture ait été abandonnée.
    Une dissémination a donc lieu entre les champs OGM et non OGM mais elle est limitée (une simple haie peut faire obstacle à celle-ci). Les champs d’OGM sont contaminés par des plantes sauvages mais le contraire est aussi vrai.
    On ne peut pas dire que les OGM ne présentent pas de risques mais trop peu d’études ont été faites pour pouvoir conclure.

2) Croisement entre OGM et plantes sauvages


    Pour que ce croisement ait lieu, il doit y avoir,à côté de la plante génétiquement modifiée, soit la même plante non modifiée, soit une plante sauvage de même nature capable de se croiser avec elle. (Exemple : la ravenelle pour le colza) Si ce croisement se produit, il faut alors qu’il y ait transfert du transgène, que l’hybride produit soit non stérile, que les graines produites poussent et donnent des plantes qui se croisent à nouveau avec les espèces sauvages avec, là encore, transfert du transgène. Si celui-ci confère à la plante un avantage (par exemple une résistance à un herbicide ou à un ravageur qui lui permette de survivre dans certains environnements cultivés), il risque d’être conservé au fil des générations. On doit donc évaluer le problème au cas par cas.

    La reproduction du colza avec des plantes sauvages se traduit par une certaine proportion de croisement. Toutefois, au cours des générations qui suivent, les deux plantes retrouvent leur génome d’origine et le transgène n’est donc pas disséminé de manière importante.
    Ces absences de dissémination ne sont pas étonnantes. Pour que la dissémination soit importante, il faudrait que le transgène confère un avantage sélectif à la plante cultivée ou à la plante sauvage avec laquelle il s’est croisé. Ceci n’a pas beaucoup de chances de se produire mais ne peut être exclu.
    Il est parfaitement concevable qu’une mutation survenue spontanément par l’ajout d’un transgène lui confère un avantage sélectif.
    Expérience : Ceci a été récemment observé : un tournesol transgénique résistant à un insecte ravageur et cultivé aux USA s’est avéré capable de se croiser avec une plante sauvage et de lui transmettre son gène de résistance. Même si cette plante sauvage était déjà naturellement résistante au ravageur pour survivre, l’apport du transgène lui a procuré une capacité supérieure à résister (par rapport aux autres plantes non modifiées). Elle est ainsi devenue plus présente au voisinage de champs de tournesol expérimentaux.

    C’est là le risque le plus important pour la biodiversité. En effet, si une PGM se croise avec une plante sauvage et que celle-ci arrive à « capter » le transgène de résistance suite au processus de fécondation, cela lui confère un avantage sur ses homologues sauvages. Ainsi, cette nouvelle PGM sera plus résistante et sera donc plus présente que ceux-ci. A long terme, les PGM remplaceraient donc les plantes sauvages. Mais ce ne sont que des hypothèses et rien est prouvé. Le risque principal est l’émergence d’un avantage sélectif qui pourrait nuire aux plantes environnantes.


3) Prévention


    Pour éviter la dissémination du pollen, il faut maîtriser les repousses de telle façon qu’un OGM non désirable ne puisse voir le jour. Des années plus tard, une graine qui n’aurait pas germé pourrait se retrouver au milieu d’un nouveau champ. Et l’ OGM engendré à partir de cette graine pourrait contaminer ce dernier. La technique consiste à retourner la terre plusieurs fois pour favoriser la germination des graines laissées après la moisson, rendant ainsi plus facile la destruction de ces OGM (si on envisage de changer de culture.) Pour le colza, on envisage une fauche précoce des bordures du champ pour empêcher l’ouverture de la fleur et ainsi empêcher la création du pollen.
 
    Une autre solution consisterait à produire des plantes dites « mâle stérile » qui ne produisent pas de pollen. Ces plantes ne pourraient donc pas se reproduire, ce qui empêcherait le pollen de se disséminer. On peut aussi essayer d’empêcher l’ouverture de la fleur. L’efficacité de ces procédés est actuellement en cours d’évaluation.

Enfin, on veut créer des zones « refuge » où sont cultivées des plantes non modifiées pour pouvoir ensuite limiter la propagation du pollen. Elles s’étendraient autour des PGM. On sait que le pollen des plantes non modifiées peut, lui aussi, se croiser avec des PGM. Chacun contamine ainsi l’autre mais de façon limitée. Ainsi, le pollen des OGM ne peut pas « traverser » ces zones « refuge » et celles-ci agissent comme une barrière au pollen.

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